Lennie Tristano – Tristano (1955)

Lennie Tristano – Tristano (1955) : 4,55/5

 

L’album est composé en deux parties. La première sont des compositions de Lennie Tristano, complètement novatrices pour l’époque. La deuxième partie est une interprétation de standards de jazz, aidés par Lee Konitz entre autres. Dans la première partie, Line Up montre toute la virtuosité de Lennie Tristano au piano. Comme son nom l’indique, Requiem est dans un ton plus sombre, plus classique et absolument superbe. Turkish Mambo a un rythme assez incroyable. Dans la deuxième partie, These Foolish Things et You Got To My Head sont des belles interprétations avec la prestation de Lee Konitz.

 

1 Line Up Lennie Tristano *****
2 Requiem Lennie Tristano *****
3 Turkish Mambo Lennie Tristano *****
4 East Thirty Second Lennie Tristano ****
5 These Foolish Things Harry Link; Holt Marvell; Jack Strachey *****
6 You Got To My Head J. Fred Coots; Haven Gillespie *****
7 If I Had You Jimmy Campbell; Reginald Connelly; Ted Shapiro ****
8 Ghost Of A Chance Bing Crosby; Ned Washington; Victor Young ****
9 All The Things You Are Oscar Hammerstein II; Jerome Kern ****
10 My Melancholy Baby Ernie Burnett; George Norton ****
11 April Lennie Tristano ****
12 Pennies In Mirror Lennie Tristano ****
13 Mean To Me Fred E. Ahlert; Roy Turk ****

https://www.allmusic.com/album/tristano-mw0000374422

 

Toute l’oeuvre de Lennie Tristano tient dans un miraculeux équilibre entre une rigueur extrême (le musicien vénère Jean-Sébastien Bach) et une irrésistible attraction pour les plus périlleuses improvisations. Ni classique au sens strict du terme, ni expérimental si cela implique une musique radicale, ce pianiste passionné par l’enseignement (au point qu’il s’effacera de la scène pour s’y consacrer jusqu’à sa mort) développera une oeuvre unique, prophétique, en marge d’à peu près tous les courants. Ces enregistrements de 1955, couronnés par l’époustouflant Turkish Mambo, en sont le plus passionnant reflet. (INDISPENSABLE – La discothèque idéale Jazz en 250 cd – Fnac).

Les débuts atlantiques de Lennie Tristano ont été un album controversé au moment de sa sortie. Bien que Tristano soit considéré comme un pianiste de bebop brillant et novateur, il a été absent des enregistrements pendant six ans et a fondé une école de jazz où il s’est plutôt concentré sur l’enseignement. Les quatre premiers morceaux de ce set ont choqué le monde du jazz au moment de leur sortie (mais pas le critique Barry Ulanov, qui était le plus grand champion de Tristano et qui a écrit les notes de pochette du set). La raison en est que sur ces quatre morceaux originaux — « Line Up« , « Requiem« , « Turkish Mambo » et « East Thirty-Second » — Tristano a en fait superposé des lignes de piano et accéléré la bande pour obtenir un effet. Bien que l’effet soit tout à fait audible et seulement discordant dans le sens le plus splendide du terme – à cause des arpèges anguleux et aigus et de la méthode d’improvisation en boucle qui vient directement en improvisant contre la section rythmique du batteur Jeff Morton et du bassiste Peter Ind – il était littéralement inédit à l’époque. Les cinq derniers morceaux du disque ont été enregistrés en direct avec une section rythmique composée du bassiste Gene Ramey et du batteur Art Taylor. Lee Konitz joue aussi de l’alto. Les morceaux sont tous des standards, y compris « These Foolish Things« , « Ghost of a Chance » et « All the Things You Are« . La performance est sans faille, avec une belle interaction entre Lee et Lennie et des idées harmoniques stellaires qui descendent du kiosque à musique de manière fluide et détendue. C’est un magnifique album avec une belle juxtaposition entre la première et la seconde moitié, avec le génie rythmique et intervalliste de Tristano comme improvisateur à part entière pendant la première moitié et le pianiste comme harmoniste lyrique et swingant suprême pendant la seconde moitié. (****/ – Thom Jurek – All Music).