Chant byzantin - Passion et résurrection (4,73/5)

01
Alleluia (3 fois) Tropaire de la venue de l’epoux (Lundi Saint)
Anonyme*****
02Exapostilarion de l’Office du Mardi Saint Version arabeAnonyme*****
03
Version grecque
Anonyme*****
04
Version arabe
Anonyme*****
05L’Apostikhon de l’Office de Mercredi Saint (Prière de Marie Madeleine)Anonyme*****
06
Kinonikon (Chant de Communion) de la liturgie de Jeudi Saint
Anonyme
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07Tropaires des Matines de Samedi Saint Anonyme  ****
08
14e Antienne de l’Office de Vendredi Saint
Anonyme
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09 Extraits du Canon de Samedi Saint : « Tagaridh » Première stanceAnonyme  ****
10Deuxième stanceAnonyme*****
11Troisième stanceAnonyme  ****
12
Hymne à la Sainte Vierge de la Liturgie de Saint Basile 
Anonyme
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13Christos Anesti de l’Office Pascal 
Anonyme  ****
14
Antoumoul ladhin Chant qui remplace le TrisaghionAnonyme
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15Inna-l-malak 9e Ode du canon de l’Office du Dimanche de Pâques
Anonyme*****

 

            La Passion et la Résurrection du Christ sont les deux facettes du mystère de la Rédemption. Elles sont le centre de l’année liturgique. Les fidèles s’y préparent par un Carême de quarante jours ; quant à la Sainte Quarantaine qui suit Pâques, c’est une période de joie. Tous les offices liturgiques sont précédés du triple Cristos Anesti, « Le Christ est ressucité ».

            Chaque jour de la Semaine Sainte a son thème particulier. Le Lundi évoque l’une des figures vétérotestamentaires du Christ, Joseph vendu par ses frères. Le Mardi mentionne le jugement dernier et le figuier stérile. Le mercredi offre aux fidèles l’exemple de la pécheresse repentie, « Seigneur, la femme qui était tombés dans un grand nombre de péchés… », Marie Madeleine en contraste avec l’avidité et le désespoir de Judas. Le Grand Jeudi rappelle surtout la dernière Cène, « A votre Cène mystique », le lavement des pieds explicitant les significations sacramentelles du récit johannique. Le caractère pascal de l’Eucharistie est affirmé en même temps que l’amour du prochain, deux dimensions du même mystère. L’office du jour unit intimement les trois thèmes : la dernière Cène, le lavement des pieds des Apôtres, l’institution de la Sainte Eucharistie et la trahison de Judas. Cette dernière est le sujet principal des Vêpres qui nous laissent vivre les grands moments de la Crucifixion du Christ surtout en chantant la 14e Antienne, « En ce jour est suspendu au gibet celui qui a suspendu la terre sur les eaux ».

            Dans le rite byzantin, l’office des Matines du Samedi Saint (Epitaphios) est une calme méditation sur le mystère du Christ endormi au tombeau en attendant l’heure de sa descente aux enfers et de sa résurrection. Il est tout entier pénétré d’un sentiment de foi et d’espérance. Il se caractérise par un long poème en trois sections dont les strophes sont destinées à être intercalées entre les versets au psaume 118. Ce sont des lamentations formant un long thème, que les Saintes Femmes sont censées chanter autour du tombeau. Oeuvre d’une haute inspiration, toute imprégnée de théologie ! Malgré les pleurs que la « Théotokos », Mère de Dieu, et que l’Église versent sur la mort de leur fils et leur époux, une note de joie transparaît partout : anticipation au triomphe de la Résurrection et de la Rédemption du genre humain.

            Qui n’a pas vu ces pluies printanières d’Orient où les gouttes d’eau s’entrecroisent avec les rayons du soleil ? Ainsi devant le sépulcre du Christ, notre Liturgie tournée vers la résurrection imminente songe au Réveil de Dieu, au triomphe du Sauveur sur la mort ; et sa prière écartant ceux qui seraient sans espérance, glorifie la souveraine puissance de Dieu et sa prochaine et éclatante manifestation. Rien dans cet office ne s’arrête à la mort.

            Les chants des Matines Pascales sont les plus splendides de toute la Liturgie byzantine débordants de l’exaltante joie de la Résurrection, joie porté jusqu’à l’ivresse spirituelle. Elle est marquée par le pétillement joyeux de ces cierges que tous les fidèles ont allumés au cierge même du célébrant et qu’ils tiennent dans leurs mains : symbole éloquent de la vie nouvelle communiquée par le Christ ressuscité. Elle jaillit surtout de la magnificence des textes qui l’expriment et l’intensifient. C’est surtout le tropaire pascal cent fois répété : « Le Christ est ressucité… », « Vous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ », et enfin par les cris de l’ange à la Pleine de grâce pour se réjouit et à la Jérusalem nouvelle pour s’illuminer dans la résurrection du Christ. Et que de raisons de se laisser prendre par cette débordante allégresse !

                                                                           Mgr. J. Nasrallah, exarque d’Antioche.

01Alleluia (3 fois) Tropaire de la venue de l’epoux (Lundi Saint)Anonyme*****

     Alleluia (3 fois)

                Voici que le fiancé arrive, au milieu de la nuit : bienheureux l’homme qu’il trouvera vaillant, mais malheureux celui qu’il trouvera livré à la paresse. Vois donc, ô mon âme, à ne pas te laisser appesantir par le sommeil pour ne pas être livrée à la mort et ne pas voir se fermer devant toi les portes du royaume ! Mais recouvre tes sens en t’écriant : Saint, Saint, Saint, êtes-vous, mon Dieu ! Par la puissance de votre croix, ayez pitié de nous. Par les prières de la Mère de Dieu, ayez pitié de nous. Par l’intercession du Précurseur, ayez pitié de nous.

02Exapostilarion de l’Office du Mardi Saint Version arabeAnonyme*****
03
Version grecque
Anonyme*****
04
Version arabe
Anonyme*****

               Je contemple votre chambre nuptiale, Sauveur ; elle est toute ornée, et je n’ai pas de vêtements pour y entrer ; blanchissez la robe de mon âme, Illuminateur, et sauvez moi. (3 fois)

05L’Apostikhon de l’Office de Mercredi Saint (Prière de Marie Madeleine)Anonyme*****

             Seigneur, la femme qui était tombée dans un grand nombre de péchés, en reconnaissant votre divinité, remplit le rôle des myrrhophores, en vous apportant, éplorée, des parfums à votre sépulture, et, se lamentant, dit : « Malheur à moi, car mon amour fou pour la débauche et mon attachement au péché sont devenus pour moi une nuit profonde que ne perce aucune lumière. Recevez les sources de mes larmes, vous qui attirez les eaux de la mer dans les nuages. Tournez-vous vers les sanglots de mon coeur, vous qui avez descendu le ciel par votre indicible sacrifice. Je baiserai vos pieds immaculés, je les essuierai avec les boucles de mes cheveux. Au Paradis, Eve, percevant le bruit de leur approche, de peur s’est cachée. Qui examinera la multitude de mes péches et de vos jugements ? O mon sauveur, libérateur de mon âme, ne vous détournez pas de moi, qui suis votre servante, vous qui êtes infiniment miséricordieux ».

06Kinonikon (Chant de Communion) de la liturgie de Jeudi SaintAnonyme*****

               A ta Cène mystique fais-moi communier aujourd’hui, ô Fils de Dieu. Car je ne dirai pas le secret à tes ennemis, ni ne te donnerai le baiser de Judas. Mais, comme le larron je t’imploire : Souviens-toi de moi, Seigneur, dans ton royaume.

07Tropaires des Matines de Samedi Saint Anonyme****

                 Refrain : Le Seigneur est Dieu et Il nous est apparu.

                                                Béni soit celui qui vient au nom de Seigneur.

                Verset : Confessez le Seigneur et invoquez son saint nom.

                Le noble Joseph, ayant descendu de la Croix votre corps immaculé, l’enveloppa d’un linceul sans tache et l’entoura de parfums, puis le déposa dans un tombeau neuf.

                Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit.

                Lorsque vous vous êtes abaissé jusqu’à la mort, vous, vie immortelle, avez paralysé la mort par l’éclat de votre divinité ; lorsque vous avez ressuscité les morts du fond des enfers, toutes les puissantes célestes s’écrièrent : O Christ, vous qui avez donné la vie, vous, Dieu, gloire à vous. Maintenant et toujours et pour les siècles des siècles. Amen.

                L’ange près du tombeau dit aux femmes qui apportaient des parfums : les parfums conviennent aux morts ; le Christ, lui, n’a pas pu être atteint par la corruption.

0814e Antienne de l’Office de Vendredi SaintAnonyme*****

               « En ce jour est suspendu au gibet, celui qui a suspendu la terre sur les eaux.

                Il est couvert d’une couronne d’épines, le roi des anges.

                Il est revêtu d’une pourpre hypocrite, celui qui envoie le ciel autour des nuées.

                Il reçoit des soufflets, celui qui, dans le Jourdain, délivra Adam.

                Il est attaché avec des clous, l’Epoux de l’Église.

                Il est percé d’une lance, le Fils de la Vierge.

                Nous adorons les souffrances, ô Christ. (3 fois)

                Montre-nous aussi ta glorieuse résurrection. »

09 Extraits du Canon de Samedi Saint : « Tagaridh » Première stanceAnonyme****
10Deuxième stance
Anonyme*****
11Troisième stance
Anonyme****

           O Christ, vous qui êtes la vie, vous avez été déposé dans le tombeau ; l’armée des anges pleins de stupeur ont glorifié votre condescendance.

                Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et toujours et pour les siècles des siècles . Amen

                Nous vous chantons, ô Verbe, Dieu de toutes choses, avec le Père et votre Saint-Esprit, et nous glorifions votre divine sépulture.

                Il est juste de vous glorifier, vous qui donnez la vie, vous qui avez étendu les bras sur la croix et brisé la puissance de l’ennemi.

                Pour renouveler la nature déchue des mortels, je suis volontairement meurtri dans ma chair : Mère, ne vous frappez donc pas ainsi la poitrine dans vos lamentations.

                Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et toujours et pour les siècles des siècles. Amen.

                Il est juste de vous glorifier…

                Toutes les générations, ô mon Christ, chantent une hymne à votre ensevelissement.

                Les saintes femmes myrrhophores, venues de bon matin, versèrent des parfums sur le tombeau.

                Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et toujours et pour les siècles des siècles. Amen

                Devant le Père, prosternons-nous, devant son Fils et le Saint-Esprit, Sainte Trinité, un seul Dieu. Avec les Séraphims nous chantons : Saint, Saint, Saint est le Seigneur notre Dieu.

                Toutes les générations…

12 Hymne à la Sainte Vierge de la Liturgie de Saint Basile Anonyme*****

            En toi, ô Pleine de grâce, se réjouissent toute la création, la hiérarchie des anges et la race des hommes. O Temple sanctifié, ô Jardin spirituel, ô Gloire virginale, c’est en toi que Dieu s’est incarné, en toi qu’est devenu petit enfant celui qui est notre Dieu avant tous les siècles. De ton sein il a fait un trône, il l’a rendu plus vaste que les cieux, ô Pleine de grâce, toute la création se réjouit en toi. Gloire à toi.

13Christos Anesti de l’Office Pascal Anonyme****

           Le Christ est ressuscité ; par sa mort victorieuse, Il a donné la vie aux défunts. (3 fois)

14Antoumoul ladhin Chant qui remplace le TrisaghionAnonyme*****

         Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. Alleluia. (3 fois)

15Inna-l-malak 9e Ode du canon de l’Office du Dimanche de Pâques Anonyme*****

                L’ange cria à Marie pleine de grâce : « Pure Vierge, réjouis-toi, je te le redis : réjouis-toi. Ton Fils est ressuscité du tombeau le troisième jour.

                Resplendis, Jérusalem nouvelle, car la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Exulte maintenant et réjouis-toi, Jérusalem. Et toi, Mère de Dieu immaculée, réjouis-toi dans la Résurrection de ton Fils.

            Libanaise de religion basilienne-chouérite, Soeur Marie Keyrouz est l’une des plus grandes voix de Dieu. Pour elle, chant et engagement, musique et prière, ne font qu’un. Le texte et la mélodie se répondent, se recoupent, s’enrichissent l’un l’autre, mais  ne veulent que servir le message et la parole de Dieu. Eclairés d’une lumière et d’une foi plus qu’ardentes, ces Chants byzantins s’imposent par leur beauté dépouillée et leur grande austérité. Bien qu’ils remontent aux premiers siècles du christianisme, ces chants demeurent toujours actuels et même étrangement modernes. Une musique belle et spirituelle, dont le but est de conduire à la plénitude…

                                                                                               Le guide classique, la discothèque idéale en 250 cd, Fnac.

 

            Chant Byzantin est le premier album de la religieuse et musicologue libanaise Soeur Marie Keyrouz. Avant l’arrivée de Keyrouz, les chercheurs et les auditeurs occidentaux n’avaient pas prêté beaucoup d’attention au chant chrétien du Moyen-Orient, peut-être en raison de son obscurité et de son caractère fortement arabe. Le Chant Byzantin a pris l’Occident par surprise dès son arrivée en 1989, non seulement en raison du répertoire apparemment ancien qu’il représente, mais aussi en raison de l’incroyable virtuosité de Mme Keyrouz, qui est capable de chanter les plus petits intervalles dans des envolées rapides, des notes que la plupart des chanteurs ont du mal à entendre, et encore plus à chanter. Chant Byzantin est l’un de ses disques les plus « purs », mettant en scène Keyrouz soutenue par un petit chœur qui chante essentiellement des bourdons, tandis que Keyrouz tisse des figurations délicates et complexes au premier plan. Cela n’a aucun sens d’évaluer Chant Byzantin en fonction des normes critiques conventionnelles ; Keyrouz est pratiquement seule dans ses recherches musicales particulières, et soit on aime beaucoup son chant, soit on ne le comprend pas. Le chant de Keyrouz est fortement teinté d’arabe, avec une capacité de virtuose à manier les microtons, et il est animé par une énergie spirituelle interne qui semble inépuisable. L’un de ses livres s’intitule Je Chante Dieu et, en effet, à la fin de Chant Byzantin, un auditeur enthousiaste sera bien en peine de dire que ce n’est pas le cas.

                                                                                   *** Dave Lewis, All Music.