El Cant de la Sibil-la I (5/5)

01Sibil-la LatineAnonyme*****
02
Sibil-la Provençale
Anonyme*****
03
Sibil-la Catalane
Anonyme
*****

            Si mille ans ont passé depuis l’époque où nous relevons les premières traces de cette musique, qui a pris forme aux sources mêmes de notre civilisation, il faut remonter bien plus loin, vers la fin du VIe siècle avant J.C., pour retrouver les premières références à ces étranges Sibylles, être semi-divins, capables de prédire les événements futurs et possédant des pouvoirs divinatoires octroyés par Apollon. Dans le monde, oriental et grec, les Sibylles les plus rénommées étaient celle de Marpessus ou Hellespontica, qui habitait au Mont Ida (sud-ouest de Troie), la Sibylle Erythraea en Ionie (Asie Mineure) et surtout la Sibylle Delphica (de Delphes) qui avait évincé l’ancienne Pythie, prêtresse d’Apollon. Chez les Romains, la Sibylle Tiburtina était très connue, mais c’est la Sibylle Cumana (de Cumes) qui devint le grand oracle officiel des patriciens jusqu’au début de l’Empire romain. A travers les siècles, il restera une telle profusion de prophéties sibyllines que les prêtres spécialisés allaient à Rome pour étudier les différentes versions et trouver, au Temple de Jupiter Capitolin, des solutions dans les circonstances difficiles.

            Tous les documents furent détruits lors de l’incendie du Capitole en l’an 83 avant J.C., mais le Sénat prit soin de faire établir une nouvelle collection sur la base d’informations provenant de recherches stylistiques effectuées en Italie, en Grèce et en Afrique. L’accumulation de tant d’oracles contraignit Auguste à faire une sélection en faisant brûler plus de deux mille volumes et réviser ceux qui devaient subsister. Le prestige de ces prophéties fut encore respecté par les premiers Empereurs chrétiens mais la catastrophe se produisit en 389, lorsque Theodosius décida de faire brûler tous les textes qui nous auraient permis de mieux connaître la religion du monde antique et son expression littéraire. C’est à ce monde, et en particulier à la Sibylle de Cumes, que se réfère Virgile (Bucoliques IV, 4-7) lorsqu’il évoque le dernier âge de la prophétie de Cumes : « Voici que recommence le grand ordre des siècles. Déjà revient aussi la Vierge, revient le règne de Saturne. Déjà une nouvelle génération descend du haut des cieux. » Il n’est donc pas très surprenant que les chrétiens primitifs aient conservé le mythe de la Sibylle en le récupérant comme oracle de la seconde venue du Christ, pour le jugement dernier et la fin du monde. Ce qui, par contre, est extraordinaire, c’est la présence de cette mythologie dans certains pays durant le Moyen-Age et la Renaissance, et surtout sa persistance ininterrompue jusqu’à nos jours aux Iles Baléares et à Alghero (Sardaigne).

            C’est à Saint Augustin que l’on a durant longtemps attribué une homélie qui, dès le Moyen-Age, était lue à la veille de Noël pour convaincre les non-chrétiens de l’avènement du Messie. On utilisait à cette fin les témoignages des différents personnages de l’Ancien et du Nouveau Testament mais aussi du monde païen : Virgile, Nabuchodonosor et la Sibylle Erythraea. Ces témoignages étaient tous très brefs à l’exception de celui de la Sibylle (27 hexamètres), original grec sous forme d’acrostiche sur les mots : Jésus Christ fils et Dieu salvateur. C’étaient des versets du Judicii signum qui avaient été invoqués en grec par Constantin lors du Concile de Nicée. La version latine fut la base de l’exécution du chant de la Sibylle durant les matines de Noël (entre les 6e et 9e Leçons) en France, Italie, Castille et surtout dans les pays catalans, au moins à partir du Xe siècle. Au XIIIe siècle, le Chant de la Sibylle se célèbre aussi en langue vulgaire en France, en Provence et dans les pays catalans et c’est dans ces derniers qu’il a perduré jusqu’à nos jours malgré l’interdiction qui le frappe à la fin du XVIe siècle. C’est certainement le plus ancien de la dramaturgie catalane, les premières versions musicales connues datant du Xe siècle : Cordoue, Cathédrale, vers 960 ; Ripoll ; Barcelone ; Paris ; B.N. Lectionarium ; Montecassino, Lectionarium &c. A partir du XIIIe siècle, les sources en langue vulgaire sont à Montpellier (Lectionarium), à l’Escorial (Codex principis), et à Tolède (manuscrit) ; au XVe à Barcelone (Cathédrale), à Palma de Majorca (Couvents de la Conception et de Santa Margarita) &c. C’est à cette époque que les refrains de la Sibylle commencent à se chanter en polyphonie et les premières versions polyphoniques connues sont de Tirana (Séville, Bibliothèque Colombienne), A. de Cordoba (Madrid, Palacio nacional), Anonyme (Barcelone, Orfeo catala), Baptista Carceres (Gandia, Collegiata), Alonso (Gandia, Collegiata) et Anonyme (Tolède, Cathédrale).

            Réaliser de nos jours une version historique du Chant de la Sibylle suppose que l’on se situe dans une perspective dynamique du temps, comme si on voulait essayer de saisir l’instant sans interrompre son devenir, source de son essence et de son mystère. Notre méthode a consisté à cataloguer d’abord par ordre chronologique toutes les versions connues de chaque chant de manière à pouvoir passer sans rupture, par exemple, des premiers chants, très peu ornés du Xe siècle aux versions plus mélismatiques du XIIe siècle, sans casser la continuité du chant. Il fallait évidemment déterminer le choix des différentes versions selon le caractère du texte de chaque vers. Dans l’ensemble, nous avons opté pour présenter trois Sibylles :

01        Sibil-la Latine                                                                                                                                                                                    *****

            La latine, du X/XIe siècle, avec son Judicii signum sur un accompagnement à la lyre, les refrains à l’unisson et à l’octave. Version sobre et profonde.

02        Sibil-la Provençale                                                                                                                                                                            *****

            La version avec réminiscences provençales, du XIIIe siècle, avec l’intervention du ud pour les accompagnements et l’incorporation de faux bourdons dans les refrains. Version qui semble être directement influencée par les inflexions poétiques du langage troubadouresque.

03        Sibil-la Catalane                                                                                                                                                                                          *****

            Enfin avec la Sibylle catalane, nous entrons de plein pied dans le spectacle des Mystères ou représentations sacrées paraliturgiques, sortes d’auto sacramentales de la Renaissance. Dans le chant plus orné de cette version, nous avons récupéré certains élements qui proviennent de la tradition populaire – notamment dans les Iles Baléares – et, en procédant de la même manière que pour la Sibylle latine, nous avons adapté les différentes versions, selon le caractère des diverses strophes. Par contre, pour les refrains, nous avons renoncé au chant monodique puisque l’existence de nombreuses sources, à trois et quatre voix montre que la pratique polyphonique correspondait aux découvertes du temps : la mélodie que nous avons écoutée dans les versions précédentes, apparaît « harmonisée » d’une manière plus ou moins élaborée selon l’inspiration des compositeurs ou les traditions du lieu.

            La participation de ménestrels est confirmée par les différentes sources : ils accompagnaient la Sibylle à l’entrée ou à la sortie de la cérémonie, où jouaient entre les différentes strophes. Nous avons donc utilisé toutes les versions dont le texte n’est pas écrit en catalan – et pour cette raison impensables à être mélangées en tant que pièces chantées avec le texte catalan – pour les différentes séquences instrumentales.

            Pour ce qui est du choix d’une voix de femme ou de garçon, les deux approches sont historiquement possibles. S’il est vrai que, la plupart du temps, c’était un garçon déguisé en femme qui tenait le rôle de la Sibylle, on sait que, dans les couvents où il y avait des sœurs, il était mentionné que, pour l’occasion du chant de la Sibylle, c’était une none qui tenait ce rôle.

            Reste la question de l’époque liturgique à laquelle il convient de situer la représentation de ce chant. Traditionnellement lié aux fêtes de Noël, il était en certains endroits, notamment à Barcelone, également interprété pendant

            Il est évident que la réalisation musicale devrait assumer tous ces éléments essentiels et la signification de leur contenu : mélange de prophéties, oracles, malédictions sur un des thèmes les plus chers du Moyen-Age – le destin final de notre vie et du monde dans lequel nous vivons (sujet, hélas ! Qui n’a rien perdu de son actualité, bien au contraire) – mais qui grâce à la suggestion incantatoire de ces mélismes hors du temps, nous situe dans une dimension seconde de réflexion sur le destin de l’humanité, et cela à travers une cérémonie populaire pleine de mystère et de sensibilité qui a lieu pendant la nuit de Noël ou du Vendredi Saint, certainement le moment respectivement le plus magique et le plus dramatique de l’année chrétienne.

            Cet enregistrement n’aurait pas été possible sans les études et les travaux antérieurs de Higini Anglès, Theodor Gerold, M. Sanchi Gasner, Miquel Dolç, Josep Baucels i. Reig, et l’aide, pour les questions littéraires, de Josep Maria Pujol. Que chacun d’eux trouve ici l’expression de notre gratitude.         

                                                                                                                                                          Jordi Savall, carton original CD.

01        Sibil-la Latine                                                                                                                                                                                    *****

 

Judicil signum tellus madescet                                                                     Signe du jugement : la terre sera trempée de sueur

 

Et celo rex adveniet per secla futurus                                                         Du ciel viendra à toi le roi qui régnera dans les siècles,

Scilicet in carne presens ut judicet orbem                                 pour en personne juger la chair et la terre.

 

Unde Deum : cernent incredulus atque fidelis                         C’est pourquoi l’incroyant et le fidèle le verront, le

Celsum cum sanctis cui jam termino in ipso                                             Dieu très haut, avec les saints, dès la fin des temps.

 

Sic anime cum carne aderunt quas judicet ipse       Ainsi les âmes avec leurs corps seront là : lui-même les juges,

Cum jacet incultus densis in vepribus orbis                                              tandis, qu’inculte gît sous des ronces épaisses la terre.

 

Reicient simulacra viri cunetam quoque gazam       Ils rejetteront leurs idoles, les hommes, et tous leurs trésors.

Exuret terras ignis portumque polumque   Le feu consumera les continents, gagnant ainsi la mer et les cieux :

 

Inquirens tetri portas esfringet averni                                                        I forcera les portes du sombre Averne. Mais une

Sanctorum sed enom cuncte lux libera carni                                           lumière de grand jour passera dans tout corps de saint,

 

Tradentur fontes eternaque flamma cremabit                        Une flamme éternelle brûlera les coupables.

Occultos actus retegens, tunc quisque loquetur                     Dévoilant ses actes cachés chacun alors dira ses secrets.

 

Secreta atque Deus reserabit pectora luci                                 Et Dieu ouvrira les coeurs à la lumière. Alors il y

Tunc erit et luctus stridebunt dentibus omnes                         aura aussi des lamentations, tous grinceront des dents.

 

Eripitur solis jubar et choris interit astris. Du soleil disparaîtra l’éclat, périra la troupe dansante des astres.

Solvetur celum lunaris splendor orbit                                                        La voûte du ciel croulera, s’éteindra l’éclat de la lune :

 

Deiicet colles valles extollat abimo                                                                             Il jettera bas les collines, soulèvera d’en bas les vallées.

Non erit in hominum sublime vel altum                    Rien ne sera plus dans les choses des hommes de sublime ni de haut

 

Tum equantur campis montes et cerula ponti                         Alors les monts seront plats comme les plaines et

Omnia cessabunt tellus contracta peribit                                  tout l’azur des mers sera dissipé, la terre périra :

 

Sic pariter fontes torrentur fluminaque igni                             De même les sources et les fleuves seront asséchés par le feu.

Et tuba tunc sonitum tristem demittet ab alto         Mais alors la trompette jettera du haut du ciel son appel lugubre,

 

Orbe gemens facinus miserum variosque labores   Gémissant sur la catastrophe lamentable et les malheurs multiples,

Tartareumque chos monstrabit terra dehiscens                      et la terre s’entrouvant découvrira le cahos du Tartare.

 

Et coram hic domino reges sisteniur ad unum                         Et là, devant le Seigneur, les rois comparaîtront ensemble :

Decidet et celo, ignis et sulplitiris amnis.                                   Du ciel tombera un torrent de souffre et de feu.

 

                                                                                                                                                                                                                                            (La Cité de Dieu, XVIII, 23)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

02        Sibil-la Provençale                                                                                                                                                                            *****

 

Aujatz, sehors, aquests sants dits                                                Ecoutez, seigneurs, les saintes paroles

que Sibilla retrai e ditz                                                                                    que Sibylle prononça et dit sur

de l’Adveniment del Senhor                                                                           l’Avénement du Seigneur

al qual devem portar onor.                                                                            Que nous devons honorer.

 

Sibilla, tot apèrtament                                                                                                   Sibylle, tout clairement,

demostra’ns lo jutjament,                                                                                             nous fait voir le jugement

que Jesu fara de nos                                                                                                        que Jésus fera de nous

aissi com ausiretz vos tots ;                                                                                          comme vous allez l’entendre tous ;

 

Al jorn del judici                                                                                                                Au jour du jugement

parra qui aurà fach servici.                                                                                           On verra qui L’aura servi.

 

Un rei vendra perpetual                                                                                                 Un roi viendra pour toujours

del cel, que anc no.n fo aital ;                                                                                      du ciel, un roi comme il n’y en eut jamais ;

en carn vendra, certanament,                                                                      il reprendra chair, assurément,

per far del segle jutjament.                                                                                           Pour juger le monde.

 

Maïs del judici tot enant                                                                                                Mais avant le jugement

parrà une senha mout grand                                                                                        paraîtra un signe très grand :

la tèrra gitarà susor                                                                                                                         la terre se couvrira de sueur

e tremerà de grand pavor.                                                                                             Et tremblera de grande frayeur.

 

Un corn mou trist ressonarà                                                                                         Une trompette très lugubre sonnera

del cel, que mout reissidarà ;                                                                                       du haut du ciel, qui la multitude réveillera ;

la luna e.l solel s’escolizirà,                                                                                            la lune et le soleil pâliront,

nula estèla non lusirà.                                                                                                    Aucune étoile ne brillera.

 

Cascun cors l’arma cobrarà                                                                                           Chaque corps rejoindra son âme

aqui parrà qui es bon o mal :                                                                                        là on verra qui est bon et qui est méchant :

los bons iran vèrs Dieu lai-sus,                                                                      les bons iront vers Dieu là-haut,

los mals iran en tèrra jus.                                                                                               Les méchants iront en bas sous la terre.

 

Aquel Sénher que nos formèt                                                                                      Que le Seigneur qui nous a crées

e que de la Verge nasquèt,                                                                                            et qui est né de la Vierge

nos garde de pecat mortals                                                                                           nous garde du péché mortel

e de penas perpetuals.                                                                                                   Et des tourments perpétuels.

 

Adonas vendrà Dieu en sa majestat                                                           Alors Dieu viendra dans sa majesté

jutjar lo mond per veritat ;                                                                                            juger le monde en vérité ;

adons veiran Diep en la crotz                                                                                       alors on verra Dieu sur la croix

on mori per pecadors.                                                                                                    Où il mourut pour les pécheurs.

 

 

 

 

 

 

 

03        Sibil-la Catalane                                                                                                                                                                                          *****

 

 

Al jorn del Judici                                                                                                                Le jour du jugement dernier

parrà qui haurà fet servici.                                                                                            Ceux qui auront bien servi seront récompensés.

 

Un rei vendrà perpetual                                                                                                 Un roi éternel viendra

vestit de nostra carn mortal ;                                                                                       vêtu de notre chair mortelle ;

del cel vindrà tot certament                                                                                         il viendra sûrement du ciel

per fer del segle jutjament.                                                                                           Porter jugement sur le siècle.

 

Ans que el Judici no serà                                                                                               Avant que le jugement ne s’accomplisse

un gran senyal se mostrarà :                                                                                         un grand signe se fera jour ;

lo sol perdrà lo resplendor,                                                                                            le soleil perdra sa brillance,

la terra tremira de por.                                                                                                   La terre tremblera de peur.

 

Aprés se badarà molt fort                                                                                              Le tonnerre sera violent

Amostrant-se de greu conhort ;                                                                   en signe de grave courroux ;

mostrar-se han ab crits i trons                                                                      dans une confusion infernale

les infernals confusions.                                                                                                 Résonneront éclairs et cris.

               

Del cel gran foc devallarà,                                                                                             Un grand feu dévalera du ciel,

com a sofre molt pudirà ;                                                                                              dans une puanteur de souffre ;

la terra cremarà ab furor,                                                                                               et la terre brûlera furieusement,

la gent haurà molt gran terror.                                                                     Et la terreur submergera les hommes.

 

Après serà un fort senyal                                                                                Alors viendra la terrible annonce

d’un terratrèmol general ;                                                                                             d’un tremblement de terre général ;

les pedres per mig se rompran                                                                     les pierres se fendront

i les muntanyes se fondran.                                                                                          Et les montagnes s’enchêvetront.

 

Llavors ningu tindrà talent                                                                                            Plus personne alors n’aura de pièces d’or,

d’or, riqueses ni argent,                                                                                                  de richessse ou d’argent,

esperant tots quina serà                                                                                                et tous attendront

La sentència que es darà.                                                                                              La sentence.

 

De morir seran tots sos talents,                                                                   La mort les laissera sans un sou,

esclafir-los han totes les dents ;                                                                   et les écrasera ;

no hi haurà home que no pior,                                                                     il n’y aura plus d’hommes qu’en pleurs,

tot lo mon serà en tristor.                                                                                              Et la tristesse recouvrira le monde.

 

 

 

 

 

 

Los puigs i plans seran iguals,                                                                                       Les plaines et les pics seront égaux,

alli seran los bons i mals,                                                                                bons et mauvais iront là-haut,

reis, dues, comtes i barons,                                                                                           rois, ducs, comtes et barons,

que de llurs fets retran raons.                                                                                      Rendront compte de leurs actes.

 

Aprés vindrà terriblement                                                                                             Et puis viendra, terrible,

lo Fill de Déu omnipotent ;                                                                                           le Fils de Dieu tout puissant :

de morts i vius judicarà :                                                                                                il jugera morts et vivants ;

qui bé haurà fet alli es parrà.                                                                                       Qui aura fait le bien ira au Paradis.

 

Los infants qui nats no seran                                                                                        Les enfants point encore nés

dintre ses mares cridaran                                                                                              crieront depuis le ventre de leur mère

i diran tots plorosament :                                                                                              et diront en pleurant :

« Ajuda’ns, Déu omnipotent »                                                                      « Aide-nous, Dieu tout-puissant ».

 

Mare de Déu, pregau per nos,                                                                      Mère de Dieu, priez pour nous,

puix sou mare de pecadors,                                                                                          vous qui êtes mère de pécheur,

que bona senténcia hajam                                                                                            que la sentence nous soit clémente

i paradis possejam.                                                                                                                          Que le Paradis nous soit ouvert.

 

Vosaltres tots qui escoltau,                                                                                           Vous autres tous qui écoutez,

devotament a Déu pregau                                                                                             priez Dieu bien dévotement

de cor ab gran devocio,                                                                                                  de tout coeur et avec ferveur,

que us porte a salvacio.                                                                                                 Dans l’espoir de gagner ainsi votre salut.

            Auteur d’une discographie impressionnante en nombre et en qualité, Jordi Savall aime à  nous surprendre et à nous révéler des musiques jusqu’alors inconnues. Ce fut le cas avec ce mystérieux « Chant de la Sibylle », consacré aux mélodies irréelles, d’inspiration byzantine, des prophétesses latines, provençale et catalanes. On reste envoûté par le charme de la voix de l’épouse de Jordi Savall, Montserrat Figueras, et subjugué par l’inventivité et la justesse de l’instrumentation proposée par La Capella Reial de Catalunya. Voilà un disque prêt à réconcilier tous les amateurs de musique, du rock de Dead Can Dance au Chant grégorien.

                                                                                                      Le guide classique, la discothèque idéale en 250 cd, Fnac.