Lolita – Stanley Kubrick (1962)

Lolita (1962) : 16/20

Stanley Kubrick adapte le roman Lolita avec l’assistance de son auteur. Au vu du sujet de l’œuvre, Kubrick réussit la performance d’éviter la censure en jouant avec les sous entendus. Chuchotements à l’oreille, montage permettant de ne pas montrer de scènes qui auraient pu être censurées. Le casting du film est parfaitement réussi, James Mason confirme l’aura un peu machiavélique qu’on peut voir dans la Mort aux trousses, Sue Lyon est la Lolita parfaite avec son jeu et son physique, Shelley Winters excelle en veuve délaissée et bien sûr Peter Sellers est au sommet de son art par ses transformations physiques et vocales, endossant plusieurs rôles pour tromper le professeur Umbert. Kubrick n’hésitera d’ailleurs pas à le réemployer pour son prochain film, Docteur Folamour. La mise en scène est sobre, efficace. Presque classique pour un réalisateur comme Kubrick, pas spécialement de grands mouvements de caméras. Kubrick rentre plus dans la psychologie des personnages, la passion amoureuse que Humbert provoque sur la mère de Lolita, et ce même professeur Umbert qui ressent la même chose pour Lolita. Lolita, adolescente, évolue entre ces deux personnes qui ne sont pas si différentes que cela. Leur jalousie maladive est un poids énorme pour Lolita. Dans le cas de sa mère elle est envoyée en camp de vacances et plus tard en pensionnat, dans le cas de Humbert, elle ne peut pratiquer aucune activité extra scolaire ni fréquenter aucun garçon. Il y a également une corrélation entre Humbert et Quilty, tous les deux faisant preuve de machiavélisme pour s’approprier Lolita, et cela sans le moindre remords. Kubrick montre le malaise que la relation Humbert-Lolita peut engendrer, lors de leur passage à l’hôtel quand Humbert récupère Lolita, la voisine qui s’inquiète des disputes entre les deux. Le film est une réussite par le traitement de l’histoire, le jeu des acteurs et la façon de Kubrick de dépeindre les sentiments amoureux passionnés qu’on a pu ressentir un jour ou l’autre. Cela est montré sans artifices de manière réaliste et cynique.